top of page

POM

 

Le recouvrement comme habit, comme carapace, comme sous-vêtement.

Autrui, les idées, ce qui nous entoure, c’est ce qui nous recouvre, parfois indépendamment de notre volonté. Tel un pull en coton pour se protéger du froid, ou notre système immunitaire pour se défendre contre les maladies, ce qui nous imprègne (nos amis, notre famille) ressort à travers nous. Parfois cela nous distingue, parfois cela nous fond dans la masse… Quoi qu’il en soit, avec l’aide du temps, cela nous fait évoluer.

 

La peur de se mettre à nu, qu'on puisse lire en nous, nous pousse parfois à agir contre notre nature : ainsi peut nous recouvrir une influence extérieure. Le texte sur la pomme, je voudrais qu'il habille, interface entre monde intérieur et extérieur. Proposer un texte qui cache, qui reflète, parure en miroir. Une médiation avec un univers social et ses idées, univers dans lequel les gens se font recouvrir par les autres.

On pense au fameux mimétisme de René Girard, « le désir rend désirable Â», on désire ce que veulent les autres, même quand cela compromet notre âme. Personnalités décalquées, dédoublées. C’est pourquoi il y a là une femme, qui s'habille avec les idées, les opinions et les influences externes à son soi. La mode est passée par ici.

 

« Hier j’ai mangé une pomme mais elle n’avait aucun goût. C’était fade et artificiel. Et elle a déteint sur moi Â».

 

L’expression « hier j’ai mangé une pomme Â» s’emploie dans le langage des jeunes pour signifier qu’on n’a pas fait grand chose de très intéressant, qu’on a rien à raconter. Ici la pomme, métaphore du monde extérieur  (toujours plus lisse et plus propre, mais souvent stérile et banal), se revendique et s’inscrit sur son corps. Des mains, représentation de « l’autre Â», s’occupent de lui injecter des fils noirs au plus près de son corps, franchissant la barrière du voile léger séparant l’intime de l’étranger. Et elle, victime de cette société manipulatrice mais subtile, se laisse corrompre jusqu’à en perdre sa personnalité. La société nous habille de ses mains délicates et gracieuses.

 

Musique : « Feels Like We Only Go Backwards» de Tame Impala : son rôle est d’accentuer l’impact du temps sur ce qui est exprimé. Backward signifie « en arrière Â», tout comme le procédé d’inversement cinématographique employé.

 

 

Elisabeth Mironenko

 

bottom of page