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Border Line :  3films, 3 actes, 3 personnages

 

J’ai choisi de traiter le sujet "La ligne: frontière ou trait-d'union" à travers trois films qui, lorsque leurs images me viennent en tête, sont emprunts de réelles lignes de forces qui viennent décorer, composer ou structurer l’image. Dans Coffee and Cigarettes, les carreaux noirs&blancs de la table de café – dans Paris, Texas, les rails infinis, dans Fenêtre sur cour, l’architecture et les fenêtres de l’immeuble d’en face.

 

Disposés de façon anachronique (l’histoire débutant en 2003 et se terminant en 1954, en passant par 1984), les extraits des films représentés provoquent un sentiment d’intemporalité et de discontinuité. Pourtant, ils se rejoignent, reliés par la narration. On trouve l’illusion de l’ellipse au cinéma comme dans la bande-dessinée. Ici, elle me permet de tisser un lien cohérent et plausible entre les trois séquences, même si elles se situent dans des lieux différents (café, désert, appartement).

 

Un élément fondateur permet aussi aisément un tel mariage : il s’agit toujours de deux acteurs masculins (un protagoniste et un antagoniste) ayant a peu près la même allure. La première séquence nous révèle le prénom de l’un, la deuxième celui de l’autre, et dans la troisième, on apprend l’existence d’une tierce personne, raison de l’intrigue : une femme assassinée.

 

J’ai ainsi pu découper mon scénario en trois actes : élément déclencheur – nÅ“ud dramatique – résolution. Même si l’histoire se termine sur un point d’interrogation peu satisfaisant, je laisse libre interprétation au lecteur de résoudre cette énigme comme il l’entend. En effet, un élément invariant fait acte de présence du début à la fin : la casquette rouge. Et elle se trouve être la clé de l’énigme, comme le suggère le dernier plan en se focalisant dessus. En réalité, seul « Trav Â» dans Paris, Texas porte une casquette.

 

Là où j’ai choisi de découper chaque extrait (en leur début et en leur fin), se situe le point de connexion entre eux. Comme un puzzle, seul l’emboîtement permet alliance. Cette démarche imite celle du monteur d’une équipe de cinéma, dont le rôle majeur consiste à trouver le point d’entente entre deux plans différents.

 

De plus, j’ai aussi modifié parfois l’angle de vue, pour dynamiser ma bande-dessinée, ou la rendre plus compréhensible : en effet, certaines scènes sont aperçues de façon nouvelle comparé aux films dont elles sont extraites.

 

A travers cette BD, inconsciemment d’abord, j’ai inversé les procédés de création cinématographique. Normalement, le story-board prépare le tournage. Ici, ce sont les films finis qui m’ont inspiré un story-board.

 

Je me suis amusée à basculer d’un film à un autre, d’un plan à un autre, mais surtout d’un art à un autre. En effet, mon projet cherche à démontrer le lien sous-jacent entre chaque art, à la foi frontière et passerelle. Cette similarité est un tremplin, une muse. La ligne, même si elle est discontinue, fragmentée ou invisible, reste a tout pris une ligne, au moins imaginaire.

 

Elisabeth Mironenko

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